Le déficit public français était de 2,6% du PIB en 2017, le plus bas depuis 2007. Le budget a été principalement aidé par la reprise économique en 2017, mais les mesures fiscales devraient ramener le déficit à 3% du PIB en 2018
Réduisant à 2,6% du produit intérieur brut en 2017, le déficit budgétaire s’est situé en deçà de l’objectif de 2,9% du gouvernement, la meilleure lecture depuis la crise financière mondiale de 2007.
- Macron, un europhile fervent, avait fait respecter les règles budgétaires de l’UE, après des années de retard par ses prédécesseurs, une pierre angulaire de son objectif de réparer la réputation de la France en tant que délinquant en série des règles de la zone euro.
- Cette amélioration devrait soutenir favorablement la tentative de Macron de convaincre l’Allemagne, le trésorier de l’UE, de réformer la zone euro et de contribuer à surmonter la méfiance entre les pays du nord de l’Europe et ce qu’ils perçoivent comme des membres sudistes débauchés.
- Peu de temps après son élection en mai dernier, Macron a pris des mesures de réduction de la taille, notamment des réductions de l’allocation de logement populaire, pour s’assurer que le déficit budgétaire ne dépasse pas la limite des 3%.
Sommaire
En quoi est due cette amélioration des finances publiques françaises ?
Cependant, les chiffres du bureau des statistiques de l’Insee ont montré que l’amélioration des finances publiques françaises, meilleure qu’attendue, était également due en grande partie au renforcement des recettes fiscales, stimulé par une croissance économique plus soutenue.
La charge fiscale française a atteint un record de 45,4% du PIB en 2017 contre 44,6% l’année précédente. Les dépenses publiques ont augmenté de 2,5% et les recettes publiques de 4%, a indiqué l’Insee.
La France était également l’un des deux seuls pays de la zone euro encore soumis à la procédure de déficit excessif de la Commission européenne, seule l’Espagne devrait avoir fait pire en 2017, selon les prévisions de la Commission européenne.
La France était sur la bonne voie pour quitter la procédure, ce qui signifiait un contrôle accru de Bruxelles, a déclaré le commissaire européen Pierre Moscovici, mais a annoncé que le gouvernement ne devrait pas abandonner ses efforts pour continuer à réduire le déficit.
Sur le plan intérieur, les chiffres du déficit, meilleurs que prévus, pourraient représenter un casse-tête pour le président.
Les appels sont de plus en plus nombreux au sein de son parti pour qu’une partie de la manne, comme on l’appelle, soit dépensée, au lieu d’être entièrement utilisée pour rembourser la dette, comme son gouvernement l’a promis.
Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a rejeté de tels appels, affirmant que la dette de la France, qui atteignait 97% du PIB l’an dernier, était insoutenable.
En quoi la stabilisation de la dette peut-elle être bénéfique ?
Une croissance plus élevée et de faibles taux d’intérêt sont bons pour la stabilisation de la dette.
L’économie française a progressé deux fois plus vite en 2017 par rapport à 2016 en termes réels (et même plus en termes nominaux) qui servent à calculer la dette en pourcentage du PIB.
Cela a permis aux recettes fiscales d’augmenter de 4% en 2017, tandis que les dépenses (service de la dette extérieure) ont aussi connu une augmentation de 2,7%. Cette divergence a réduit le déficit primaire (écart entre les recettes et les dépenses) de 30 à 15 milliards d’euros, soit 0,7% du PIB. Avec le recul du service de la dette dû à l’environnement de taux bas de 3,7% sur l’année (à 44,4 milliards d’euros ou 1,9% du PIB), le déficit budgétaire total s’est limité à 2,6% du PIB. Par conséquent, l’augmentation de la dette totale a également été limitée, à 0,4pp du PIB à 97%.
Le déficit va-t-il encore baisser ?
On s’attendait à ce que le déficit budgétaire total se retrouve en deçà du seuil de 3% du PIB en 2017, mais une telle réduction de l’excédent primaire ne fût pas prévue et c’est possible, elle ne durera peut-être pas non plus.
En effet, comme le gouvernement décide de transformer le crédit d’impôt CICE en réduction des charges structurelles, il devrait affecter les dépenses en pourcentage du PIB à partir de cette année. La Commission européenne estime actuellement qu’elle repoussera le déficit au-delà de 3% du PIB.
Des recettes plus élevées réduisent l’écart plutôt que de réduire les dépenses. Étant donné que les perspectives de croissance sont actuellement meilleures (nous tablons sur une croissance du PIB de 2,2% pour la France cette année) et que le service de la dette devrait continuer à baisser cette année, nous pensons que le déficit pourrait encore être limité à 2,8% du PIB en 2018.
Et pour les prévisions de 2019 ?
Pour 2019, nous pensons qu’il se stabilisera sous ce niveau, permettant à la dette publique brute de se stabiliser en pourcentage du PIB. Nous ne pensons donc pas que la dette française atteindra 100% du PIB avant 2020.
Les chiffres sont également une bonne nouvelle pour la Commission européenne, qui a longtemps exprimé ses inquiétudes concernant les finances françaises, en particulier le déficit structurel sous-jacent, mais a récemment salué les progrès réalisés par le pays pour faire baisser le chiffre global.
Bruxelles attribue cela à l’impact de l’augmentation de l’investissement privé et de la reprise du marché du logement sur l’économie française au sens large et donc sur les recettes fiscales. Cependant, la commission reste préoccupée par le fait que Paris ne fait pas assez pour réduire la dette publique, qui, selon l’Insee, est passée de 96,6% du PIB fin 2016 à 97% du PIB fin 2017. Le niveau est un du plus haut de la zone euro.
Le Maire a décrit la réduction de la dette comme un « objectif prioritaire » en ajoutant: « Quand je vois la situation des hôpitaux, je voudrais dépenser moins là où il est moins nécessaire d’aider notre système de santé et les Français qui en ont le plus besoin».
Déficit excessif selon l’UE, parlons-en.
Les pays dont les déficits ne sont pas conformes à l’objectif de la zone euro de rester en dessous de 3% du PIB sont considérés comme ayant un « déficit excessif » en vertu des règles de l’UE. La France était l’un des deux seuls pays de la zone euro à tomber dans la définition du déficit excessif, avec seulement l’Espagne devrait avoir fait pire en 2017, que la Commission a prévu.
Le président Macron s’est engagé à mettre fin à la méfiance persistante de la France à l’égard des règles budgétaires de l’UE, cherchant à renforcer les acquis européens de Paris et à gagner en crédibilité à Berlin et à Bruxelles pour ses projets ambitieux de réforme de la zone euro. Dans son premier budget d’octobre, M. Macron a promis une série de réformes favorables aux entreprises, notamment un impôt uniforme sur les dividendes et une réduction de l’impôt sur la fortune pour attirer les investissements.
Les impôts sur le revenu et la richesse ont augmenté de 5,2% au cours de l’année, augmentant fortement par rapport à la croissance de 0,6% enregistrée l’année précédente. Les recettes de TVA ont augmenté de 7,6 milliards d’euros « en raison, notamment, de l’accélération de l’activité économique », a indiqué l’Insee. Le PIB a augmenté de 0,7% au quatrième trimestre par rapport au troisième, contre 0,6% auparavant, a ajouté le bureau des statistiques.